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"Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte/ J’hésite un peu toujours à les regargder boire/ Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif. (...)"

mardi 11 septembre 2012


CETTE CROIX QUI VOUS EST OFFERTE…
par le Père Lev Gillet
(« Un moine de l'Église d'Orient »)
"La liturgie a pris fin. Et maintenant l’Église vous invite à vous approcher et à baiser la croix que la main du prêtre vous présente.
Vous allez baiser la croix. Ce geste, beaucoup d’entre vous l’ont déjà accompli plusieurs centaines de fois au cours de leur existence. Comment l’avez-vous accompli ? A-t-il été simplement pour vous un rite, une formalité ? Ou a-t-il été une rencontre vivante avec votre Sauveur, un ébranlement salutaire de tout votre être ?
Vous allez baiser la croix. Ce baiser n’a pas de sens, il n’est que mensonge, s’il ne signifie pas que vous engagez votre volonté à la suite du Christ. Le baiser donné à la croix est une option. Vous choisissez Jésus, vous l’acceptez comme le Seigneur et le Maître de votre vie. Vous reconnaissez le droit absolu qu’il a sur vous. Vous lui dédiez votre adoration et votre obéissance. Vous vous consacrez à lui. De ce fait, chaque fois que vous baisez la croix, en esprit et en vérité, vous opérez, ou, plutôt, Dieu opère en vous une coupure, une rupture radicale avec le péché lointain ou récent. Celui qui sincèrement baise la croix est changé.
Vous allez baiser la croix. Non seulement vous allez accepter le Christ comme votre Seigneur, mais vous allez l’accepter comme votre Sauveur. Baiser vraiment la croix, signe suprême du sacrifice du Christ, c’est obtenir une expérience personnelle de la grâce, de la Rédemption.
Vous croyez de cœur, j’en suis persuadé, et vous confessez de bouche que Jésus a donné sa vie pour vous et que, par lui, vous êtes pardonnés et purifiés. Mais cela est-il demeuré pour vous une formule, ou est-ce devenu une certitude intimement éprouvée et vécue ? Croire en Jésus Christ comme Sauveur et Rédempteur, c’est se jeter dans ses bras et y jeter nos péchés. Vous allez poser vos lèvres sur l’effigie du Crucifié, et, si vous le faites avec foi, avec confiance, avec amour, un merveilleux et mystérieux transfert va s’accomplir. Tout votre péché va être posé sur notre unique Agneau pascal, il va passer en lui, et toute sa pureté va passer en nous. Car le don divin, manifesté dans le Christ, n’est point que Dieu consente à fermer les yeux sur nos péchés et à les oublier, mais en ce que le pécheur qui se repent et accepte Christ est rendu juste, de la justice même du Christ. Cela, le croyez-vous ? Ce transfert, l’avez-vous jamais senti ? Ou, tout au moins, y avez-vous réellement cru ?
Vous avez souvent chanté la Résurrection du Christ ; mais il n’y a pas d’expérience authentique de la Résurrection sans une expérience spirituelle de la Rédemption ; il n’y a point de Tombe vivifiante sans le Calvaire ; il n’y a point d’aube de Pâques sans le Vendredi-Saint. À vous qui allez baiser la croix, une possibilité inouïe est aujourd’hui offerte. C’est la possibilité de dire, peut-être pour la première fois : je suis pur, je suis justifié, je suis sauvé par la grâce à laquelle je m’ouvre ; mon péché n’existe plus ; j’ai goûté l’efficace de la mort de mon puissant Sauveur ; baisant le Bois sacré, je suis lavé par le Sang précieux qui le couvre.
Vous allez baiser la croix. Celui qui y est fixé a accepté de la porter et d’y être cloué. Nous parlons quelquefois de " nos " croix. Il n’y a qu’une seule croix : la croix de Jésus Christ. Mais nos épreuves, nos souffrances, nos sacrifices sont une participation à la croix de Jésus. Au moment où vous baisez la croix, pensez qu’en acceptant vos anxiétés matérielles, peut-être votre pauvreté, peut-être votre grave maladie, peut-être une déchirante souffrance morale, vous allez faire ce qu’a fait Simon de Cyrène : marcher aux côtés de Jésus et prendre sur votre épaule au moins une portion de sa croix. Nous ne savons pas si des paroles furent échangées entre Jésus et Simon. Mais soyons assurés que, si nous faisons de notre peine la peine de Jésus, si nous portons un fardeau pour Christ ou, en Christ et avec Christ, pour les hommes, des paroles secrètes et brûlantes seront échangées entre notre Sauveur et nous-mêmes. Le moment où vous baiserez la croix sera celui où vous mettrez le bois sur votre épaule et où vous entrerez dans un dialogue ineffable avec le Sauveur.
Vous allez baiser la croix. Le baiser est un signe de tendresse profonde et d’intimité. Il y a aussi les baisers donnés mécaniquement, par routine, et qui laissent indifférents ceux qui les donnent et ceux qui les reçoivent. Votre baisement de croix doit signifier votre entrée dans une vie d’affection pour Christ, de tendresse intensément personnelle. Quand vous baiserez la croix, essayez d’entendre si le Sauveur ne vous dit pas une phrase, ou même un seul mot, qui ne seront adressés qu’à vous seul. Si vous n’entendez pas cette phrase ou ce mot, soyez cependant certains que Jésus les prononce et que, si vous êtes fidèles, il vous arrivera de les découvrir et de les interpréter, et de vivre ainsi sous la dépendance d’un Cœur de flamme.
Ce message variera selon la nature et les besoins de chacun. À une âme dont la foi est faible, Jésus dira : " Ne crains point : crois seulement " (Lc 8,50). À une âme en oui déborde le fleuve de la douleur, il dira : Venez à moi, vous qui souffrez et qui êtes accablés " (Mt 11,28). À une âme que le poids de son péché oppresse, il dira : " Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu " (Lc 19,10). Et, à tous, le Crucifié auquel vous donnerez un baiser dira : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive " (Lc 9,23).
Allez-vous baiser cette croix ? Ayant entendu ce que’ je viens de dire, peut-être vous demanderez-vous quel homme oserait le faire. Il y a un baiser dont Jésus a dit : " Quoi ! c’est par un baiser que tu trahis le Fils de l’homme ? " (Lc 6,48). S’il en est parmi vous qui aient la volonté de pécher aujourd’hui, ou demain, ou après-demain, après avoir baisé la croix, que ceux-là n’approchent pas. Leur geste serait sacrilège. Je ne dirai rien de ceux dont la conscience est en paix et l. don d’eux-mêmes total. Mais au grand nombre de ceux qui désirent donner à la croix un baiser sincère, et qui cependant se sentent faibles et craignent à bon escient de tomber demain, ou après-demain, ou bientôt, le Sauveur dit : " Celui qui vient à moi, je ne le mettrai point dehors " (Jn 6,87)."
Allocution prononcée à l'issue de la liturgie,
à la Journée de la Fraternité Orthodoxe,
au Foyer d’Étudiants de la Cimade, Masey-Verrières,
le dimanche 12 juin 1966.
Publié dans Contacts, no. 55 (1966).
BULLETIN " LUMIÈRE DU THABOR", 2002

Les chevaux du Temps



Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte
J’hésite un peu toujours à les regargder boire
Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif.
Ils tournent vers ma face un œil reconnaisant
Pendant que leur longs traits m’emplissent de faiblesse
Et  me laissent si las, si seul et décevant
Qu’une nuit passagère envahit mes paupières
Et qu’il me faut soudain refaire en  moi des forces
Pour qu’un jour ou viendrait l’attelage assoiffé
Je puisse encore vivre et les désaltérer.

Jules Supervielle


dimanche 24 octobre 2010

Ultimul cocor



Te-am parasit pe-o frumusete stearpa
Si-acum m-ajunse dorul de tine,nu mai pot
Sa imi hranesc faptura cu rod din piatra seaca,
Cand tu in pieptul meu te aprinzi cu atata-foc!

Te simt cum arzi cu flacara nestinsa,
Cum dorul tau ma-neaca cand te doresc cu dor...
Iubire fara margini,iubire neinvinsa,
Ma-ntorc la cuib...Si-s ultimul cocor...